13 avr. 2012

Déchets: 450 associations se mobilisent pour une "sortie" de l'incinération

La valorisation énergétique, vue par Martin Vidberg
pour le Cniid - © Cniid

PARIS — Préparer une "sortie" de l'incinération des déchets: 450 associations de tous les coins de France viennent de constituer une coordination nationale pour réclamer la fin de cette technique qu'elles jugent coûteuse et préjudiciable à la santé et à l'environnement.
"La France a un des taux de recyclage les plus bas d'Europe et le plus grand parc d'incinérateurs" où sont brûlés près de la moitié des déchets ménagers, a expliqué Roger Anglaret, présentant la coordination à la presse.
Avec 130 incinérateurs, la France occupe le premier rang en Europe. 30% de ce qui est brûlé se retrouve sous forme de mâchefers, mis en décharge ou utilisés pour la construction de routes, selon Greenpeace.
La coordination nationale affirme dans un manifeste que l'incinérateur "brûle ce qui pourrait être recyclé", alors que les coûts des matières premières s'envolent, et produit des rejets "hautement toxiques", tels que métaux lourds, dioxines, furanes ou refiom (résidus d'épuration des fumées).
"L'incinérateur est une fabrique de poisons", estime le Dr Alain Laffont, porte-parole d'un collectif de 534 médecins. Une étude de l'Institut de veille sanitaire publiée en 2008 montrait une augmentation des cas de plusieurs cancers chez des personnes vivant à proximité d'incinérateurs.
Les normes, depuis, ont évolué vers plus de sévérité, mais "rien ne permet de garantir l'innocuité des fumées sur la santé humaine", estime le Dr Laffont.
Nocif pour l'environnement, l'incinérateur produit des molécules toxiques, du CO2 et aussi des mâchefers "qui polluent le sol et l'eau, une fois mis en sous-couche routière", ont souligné les anti-incinérateurs.
La solution est en outre onéreuse avec des coûts d'investissement qui grimpent et des coûts d'exploitation grevés notamment par le traitement des fumées: filtration des poussières chargées en molécules toxiques, neutralisation des fumées acides...
Ils ont relevé que des alternatives étaient possibles: produire moins de déchets, avec des produits qui durent plus longtemps et à emballages réduits, améliorer le tri, composter ou méthaniser les déchets organiques...
"Si la France connaissait le taux de recyclage de l'Allemagne, on pourrait fermer la moitié des incinérateurs et des décharges", a relevé Sébastien Lapeyre, directeur du Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid). En outre le recyclage crée dix fois plus d'emplois que l'incinération, assure-t-il.
Un questionnaire a été envoyé aux candidats à la présidentielle, dont cinq sur 10, "tous de gauche", ont répondu.
Les réponse ont été notées: 10/10 pour Eva Joly pour des réponses "claires et précises", 9/10 pour Philippe Poutou (NPA) pour qui il faut "favoriser une société sobre en énergie et en biens consommés", 7/10 pour Jean-Luc Mélenchon qui suggère "un moratoire sur la construction de nouveaux incinérateurs", "à peine 5/10" pour François Hollande, "hors sujet", et "en-dessous de la moyenne" pour Nathalie Arthaud (LO) qui se refuse à "mettre en cause une technique particulière".